Le projet de ces deux derniers jours était un petit bassin au potager.
Quel intérêt me direz-vous? Et bien pour le potager, cela va avoir un grand intérêt.
En effet, un bassin est un lieu de vie multiple. Celui que j’ai réalisé dans mon jardin est relativement petit, de forme relativement carré, du pied de digue d’un côté à l’autre il y a 2 m. La surface en eau est d’environ 1m² et seule une mini fosse de 60 cm *60 cm et profonde 40 cm assure un volume d’eau correct.
Il n’est pas fait pour accueillir des poissons car je souhaite accueillir bien d’autres petits animaux qui auront un intérêt pour mon potager. Le premier intérêt direct est de mettre à disposition des différents pollinisateurs un point d’eau pour qu’ils puissent y boire, y faire un brin de toilette et pourquoi pas s’y rafraîchir. Vous aurez sans doute observé, si vous aimez cela, que souvent les abeilles viennent autour des plans d’eau pour boire un petit peu et elles ne sont pas les seules ! Cet intérêt direct a un impact indirect. En effet, les oiseaux et autres insectes pouvant étancher leur soif dans ce petit bassin, ils ne vont pas aller « taper » dans les fraises et autres petits fruits. En effet, si l’on voit souvent des fraises piquées, c’est parce que les animaux cherchent à s’hydrater et non à manger.
Le deuxième intérêt est d’attirer différents animaux qui vont se nourrir des prédateurs de notre potager. De mon côté, le potager étant tout neuf, je n’ai pas encore d’attaque d’escargot, limace et autres bestioles sympathiques. Toutefois, je ne doute pas que le jour où elles trouvent le chemin pour y venir, celles-ci s’y installent et s’y multiplient. Il faut donc prévoir un arsenal défensif qui travaille pour moi. Or cet arsenal, si on ne veut pas utiliser de produits chimiques, ce sont les autres animaux qui vont s’en nourrir. Mais pour qu’ils soient là, il faut leur préparer le gîte (le couvert arrivera tout seul !).
Ainsi afin d’accueillir quelques reptiles, batraciens et insectes sympathiques, il faut leur créer un lieu propice de vie et de reproduction. Le bassin en fait partie, il faut l’accompagner d’un petit amas de cailloux et d’un petits tas de rondins ou de bois; et voilà, le tour est joué. Il faut désormais être patient pour voir arriver tout ce petit monde. Et si en plus, on peut accueillir d’autres espèces qui ont du mal en ce moment, profitons en ! Même si elles n’ont pas d’intérêt pour notre potager, elles en ont pour la biodiversité! Or avec la météo de ce printemps, nombres d’espèces doivent souffrir de ne pas trouver de points d’eau.
Passons à la réalisation, en tout et pour tout il m’a fallu 2 jours pour réaliser ce petit bassin entre le chantier, les courses etc…
Prenons les choses dans l’ordre, il faut d’abord délimiter l’espace qui nous intéresse. Il faut également choisir un emplacement correct, il faut que le bassin soit suffisamment éclairer pour que les plantes que l’on va y mettre s’y développe mais il ne faut pas trop non plus car sinon en été l’eau risque de trop chauffer (résultat: manque d’oxygène, algues vertes…). Une moyenne de 5-6 de soleil par jour est bien. Il faut aussi éviter les zones trop près des arbres à cause des feuilles et des racines.
Dans mon cas il prendra place près du potager, forcément, et dans un petit espace qui lui permet d’être à l’ombre matin et soir sans qu’il y ait trop de risque par rapport aux feuilles des arbres (presque que des persistants autour à l’exception du lilas). Pour les racines, on verra en creusant mais cela ne devrait pas trop être un soucis. L’idée est aussi d’avoir une zone que je peux clore facilement si l’on reçoit des enfants ou quand j’aurai les miens afin de ne pas avoir de soucis de sécurité.
Une fois l’emplacement choisi, on délimite au sol l’emplacement et on peut se mettre à creuser.
Pour accompagner le petit diaporama: dans mon cas, j’ai délimité la zone, creuser un premier palier à 10-15 cm et ai utilisé la terre extraite pour monter des mini-digues. En effet, comme on peut le voir sur les photos, il y a beaucoup de cailloux. On va donc se fatiguer moins en creusant moins pour quand même avoir une hauteur d’eau suffisante.
Ensuite j’ai fait un deuxième palier que j’ai finalement fait disparaître au profit d’une pente douce qui accueillera des gravillons. Une zone reste à plat (du côté du lilas) afin d’accueillir des cailloux (10-20 cm). Une fois les paliers réalisés, je me mets à creuser la fosse, elle fera 60 cm * 60 cm pour environ 40 cm de profondeur.
On peut voir sur la dernière photo, une seule et unique racine qui sera coupée court dans la terre.
On passe à la deuxième partie, l’étanchéité.
Avant de poser le feutre et ce qui suit, on vérifie les niveaux. Une planche suffisamment grande et un niveau à bulle suffisent. Pour retenir les gravillons dans la pente, je vais également rajouter 3 morceaux de chevron au bord de la mini fosse. Cela créera un rebord sous le feutre et la bâche qui servira à retenir plus facilement ces gravillons (mais je n’ai pas de photos, car j’ai oublié d’en faire une à ce moment là, on voit le rebord sur les photos où le bassin est presque plein, ils font une marque carré sous la bâche).
Une fois que tout est bon, on pose un feutre qui servira à protéger la bâche contre les petits cailloux, les éventuelles futures racines… Pendant ce temps, la bâche est étendue au soleil pour gagner un peu en souplesse. Bon dans mon cas, cela a légèrement jauni l’herbe mais vu que dans quelques semaines cela sera le cas de toute l’herbe cela n’a pas d’importance! Je préfère l’étendre sur l’herbe que sur la terrasse où j’ai le risque qu’un coin de dalle ou un bout de joint qui dépasse, ne fasse un trou dans la bâche. Pareillement, il faut mieux une fois que c’est étalé inspecter toute la bâche pour vérifier qu’il n’y a pas de trou. J’ai eu le cas une fois alors que je n’avais pas vérifié et c’est alors beaucoup plus difficile à réparer une fois mis en place et recouvert du décor ! Mais cela se répare quand même !
Le feutre est mis et je mets un peu de sable afin que celui-ci ne parte pas ni à cause du vent ni quand je vais mettre la bâche par dessus. Je fais ensuite passer la bâche (c’est plus simple à deux mais faisable quand même tout seul). Puis je l’étends au maximum. Ensuite je remplis la bâche en l’accompagnant pour faire qu’elle tapisse bien les bords et pour limiter les plis. Dans mon cas et parce qu’il y a un arrêté concernant l’utilisation de l’eau, j’ai utilisé l’eau de mes réserves pluviales, cela me permet également de savoir à peu près quel est le volume du bassin. Après en ce qui concerne l’usage de l’eau, ici en tant qu’écologue, l’idée est de recréer aussi un petit écosystème de mare qui sera propice à diverses espèces qui risquent de souffrir en cas de sécheresse.
Une fois la bâche remplie à son niveau maximum, on la re-limite à l’espace strictement nécessaire. Pour cela on peut soit couper pour dessiner la forme finale soit la replier en dessous si jamais on souhaite refaire des aménagements ultérieurs. Je choisis la deuxième solution car on ne sait jamais !
J’ai donc tout replié pour voir réapparaître le feutre du dessous.
Passons à la dernière phase, la décoration.
Le bassin va être divisé en 3 zones, une zone de « plage » avec les petits gravillons blancs, une zone plantée, avec la pouzzolane rouge et une zone de rocaille.
Afin de mettre tout cela sur la bâche en toute sécurité, on repasse par une étape feutre. La première difficulté est de bien en mettre partout mais sans le faire dépasser de la bâche car sinon cela pourrait vider le bassin par simple capillarité. La deuxième difficulté est de bien camoufler la bâche qui est un peu disgracieuse si elle dépasse. Dans le cas de bassin sans digue, il est aisé de la camoufler au niveau du sol en recouvrant de terre ou de cailloux/galets ce qui arrive au niveau du sol (tout en empêchant toujours la jonction terre-eau qui viderait là encore le bassin par capillarité. Dans le cas des bassins avec des mini-digues, c’est un peu plus complexe. Ici j’ai fait monté le niveau des digues jusqu’au niveau de la bâche et ce sont les gravillons qui vont assurer la jonction et camoufler la partie haute de la bâche.
Ensuite, on met les différents éléments à leur place. Les gros cailloux sont posés délicatement un par un pour éviter d’abîmer la bâche (même s’il y a le feutre). Les gravillons sont ensuite mis petit à petit à l’aide d’un seau pour verser doucement. J’aplanis, en poussant doucement à la main, au fur et à mesure les gravillons que je mets afin que ceux-ci s’étalent jusqu’à la limite de la fosse mais sans tomber dedans. La plage est également en pente douce afin de permettre aux différents animaux que je souhaite accueillir de pouvoir descendre mais surtout sortir de l’eau quelque soit le niveau dans le bassin (sauf si juste la fosse est remplie, il faut donc veiller à conserver un volume d’eau juste supérieur à celui de la fosse seule).
Enfin je remplis ce qui reste de pouzzolane. Je vais en mettre une épaisseur importante afin que les plantes, que je vais y mettre, aient un substrat suffisant pour y développer leur racines. les nutriments proviendront de l’eau.
Je mets de la pouzzolane pour une raison importante, la surface qu’elle offre pour le développement des radicelles des plantes et surtout pour le développement des bactéries. Ces dernières sont importantes car ce sont elles qui vont absorber et transformer l’azote afin qu’elle ne soit pas utilisable par les algues. De fait cela permet de limiter le développement des algues et donc de garder une eau propre, comme dans une phyto-épuration. A terme la zone plantée va également être un refuge pour nombre d’animaux qui pourront s’y cacher.
J’y mets quelques plantes de rives immergées (joncs, plantain d’eau, roseau miniature). Je vais récupérer dans le bassin de mes parents des iris, prêles (attention c’est envahissant les prêles) et une bouture de nénuphar. Les plantes de bassins coûtent relativement cher mais peuvent croître rapidement si elles se plaisent et sont donc aisément bouturables ou multipliables, il suffit souvent de les mettre dans l’eau !
Enfin toute la bordure extérieur, ici la zone noire car avec du terreau, est semée. Des plantes montantes et grimpantes sont positionnées à l’arrière du bassin tandis qu’un mélange de fleurs est semé sur tout le pourtour. Si cela prend bien, j’éclaircirais pour permettre l’accès au bassin. Il faut mieux en mettre trop et éclaircir que de se retrouver avec de grandes zones nues.
Et voici un petit bassin prêt à accueillir de la biodiversité.
Pour l’instant, il n’est pas prévu d’autres aménagements. Toutefois, il y aura certainement une petite pompe, peut être solaire, qui servira à décorer et à oxygéner en cas de besoin, ainsi que quelques lumières solaires également.
Je dois installer l’électricité pour alimenter un futur interphone au portillon qui est juste à côté du bassin, si les éléments solaires sont insuffisants, la pompe et l’éclairage sera raccordé au réseau de la maison.
Enfin pour l’eau, en période de grande chaleur, il faut compter presque 1 cm d’évaporation par jour. Cette évaporation sera contre-balancée par de l’eau des réserves pluviales tant qu’il y en aura. Mais l’avantage du climat actuel est que les grandes périodes de sécheresse sont coupées par des pluies de types orageuses qui si elles ne sont pas efficaces pour arroser nos jardins ou les cultures permettent de remplir rapidement des bacs reliés aux gouttières.
Pour finir, en terme de coût c’est un aménagement moyennement coûteux en matériaux car l’on est sur un petit bassin:
- feutre: 1/3 de rouleau à 40€
- bâche: 50€
- cailloux: récupération sur le terrain (équivalent 10€)
- pouzzolane: 20 €
- gravillons blancs (quartz blanc): 20 €
- plantes diverses: 15 €
- 2 jours de travail (courses comprises).
Enfin un bassin est toujours un plaisir dans un jardin. Avec une petite pompe ou une petite cascade, c’est un plaisir d’y venir pour se détendre au bruit de l’eau. C’est aussi un lieu de découverte où l’on peut rester des heures à observer l’ensemble des habitants de ce point d’eau. Et si l’on souhaite y mettre des poissons (attention à prévoir un volume d’eau suffisant, une filtration etc…) c’est aussi un plaisir de les voir évoluer, des les nourrir et de s’apercevoir que par habitude quand vous viendrez au bord du bassin, les poissons monteront à la surface en quête de nourriture!
@ très bientôt
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